Le 30 mai dernier, à Verzenay, Victor et Lorrie passent la journée ensemble. Ces deux jeunes gens, âgés de 25 ans et employés dans une même brasserie de la place d’Erlon, venaient de sympathiser. Chez un ami commun, ils accompagnent le repas de champagne et de vin. Puis, au cœur de l’après-midi, s’en vont. Victor, titulaire du permis de conduire depuis quelques mois, ne se sent pas en état. Prudent, il demande à Lorrie de prendre le volant de sa voiture, une Peugeot 207. Son amie, qui n’a pas conduit depuis deux ans, accepte.
Trois cents mètres plus loin, sur une portion en descente limitée à 90 km/h, la jeune femme perd le contrôle dans un virage. L’arrière du véhicule percute un bloc de béton et part en tonneaux. Au premier impact, le jeune homme, qui portait sa ceinture de sécurité, est éjecté. Il décédera le lendemain matin des suites de ses blessures. Lorrie, également sanglée, sera retrouvée incarcérée dans le véhicule accidenté. Elle souffre d’une fracture du bassin et recevra une ITT de soixante jours. Son taux d’alcoolémie se révélera positif : 0,91 gramme d’alcool par litre de sang.
Image dramatique, hier, dans la salle d’audience : Lorrie, brune au physique frêle, est vêtue d’un manteau noir de circonstance ; derrière elle, sur le banc des parties civiles, deux parents qui ont perdu leur fils unique. Chacun retient ses larmes. « J’ai perdu le contrôle, j’ai glissé… Je ne sais pas l’expliquer. Dans la voiture, on discutait » Des automobilistes qui ont croisé Victor et Lorrie ont évoqué une « vitesse excessive », sans qu’il soit possible d’être plus précis. La voix brisée, elle répond : « Je ne sais pas… Si je ne m’en étais pas senti capable, je n’aurais pas accepté de prendre le volant ».
Au tour du père de Victor de s’avancer au micro : « L’irréparable a été commis, deux familles sont dans la peine. Nous ne sommes ni dans la haine, ni dans le pardon, juste dans la peine. Dans des affaires aussi graves que celles-ci, on ne peut que subir ». Difficile d’apparaître plus digne que cet homme.
Le procureur adjoint Laurent de Caigny résume parfaitement : « C’est un dossier sans solution ». Évoque chez la prévenue un taux d’alcoolémie « piège. Elle n’était pas dans l’ivresse, elle croyait qu’elle en était capable. Mais ses réflexes étaient altérés, voilà. Il y a eu de sa part de l’inattention, peut-être de l’insouciance. Mais l’affirmer aujourd’hui ne résout rien » Au terme de sa plaidoirie, il requiert deux ans de prison « dont dix-huit mois avec sursis » et propose que les six mois ferme soient « aménagés », par le port d’un bracelet électronique. « Mais la seule peine de ce dossier, elle est assise là », conclut-il. Les bras croisés et la tête basse, les parents endeuillés apparaissent au-delà de la douleur tandis que Lorrie, regard dans le vague, semble à l’évidence dévorée par le sentiment de culpabilité.
À l’issue du délibéré, cette dernière est condamnée à trente mois de prison avec sursis.
En outre, son permis de conduire est annulé pour trois ans. Reste à espérer que le temps permette aux protagonistes de ce dramatique dossier de réussir à se reconstruire.
http://www.lunion.presse.fr/accueil/un-mort-et-deux-familles-brisees-ia0b0n249376
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire