mardi 28 janvier 2014

L’hôpital dans le collimateur d’une famille endeuillée

VITRY-LE-FRANCOIS (51). Jocelyne Capron a succombé à une rupture d’anévrisme. Ce qui aurait pu être évité selon sa famille, qui dénonce une « négligence médicale ».
Déçu, amer et en colère. » C’est en ces termes que Jean-Pierre Capron, 64 ans, décrit son état d’esprit après le décès de sa femme Jocelyne, 62 ans. Jocelyne est partie le 21 janvier dernier des suites d’une rupture d’anévrisme, et ce dans des circonstances singulières. « Si les urgences des hôpitaux de Vitry et de Saint-Dizier avaient fait leur travail les 25 et 27 décembre, on n’en serait pas là, regrette le sexagénaire originaire de Saint-Lumier-la-Populeuse. Le problème n’est pas qu’il y a eu erreur de diagnostic. Le problème, c’est que rien n’a été fait jusqu’au 14 janvier. »

« Elle était comme un mort-vivant »

Les raisons de la colère : la sexagénaire, baladée de services médicaux en services médicaux entre Vitry, Saint-Dizier, puis Châlons et Reims, aurait vécu inutilement un mois de souffrances chroniques.
« La première fois qu’on l’a amenée aux urgences, elle était comme un mort-vivant. Le 14 janvier, elle était lessivée et frigorifiée. Elle ne me reconnaissait même plus. Elle a souffert, je vous le garantis… » Jean-Pierre et sa famille estiment n’avoir pas été pris au sérieux, en tout cas pas assez vite. « Les symptômes ressemblaient dès le départ à une attaque cérébrale ou à de l’anévrisme. Il aurait fallu tout de suite envisager la maladie la plus grave », estime-t-il en pointant du doigt les « dysfonctionnements du système hospitalier ».
Sa fille Carole Capron, 40 ans, ne le contredira pas. « Après l’IRM à Châlons, vers le 15 janvier, on nous a parlé d’une d’hémorragie méningée. Et à Reims, on nous a dit que le problème était visible au premier scanner. » Ainsi, l’anévrisme aurait même rompu dès le 25 décembre. Alors la question devient lancinante chez les Capron : « Pourquoi n’a-t-on rien vu à Vitry ? »
Cette infirmière libérale vivant à Nice entend bien mener bataille pour sa mère avec son père, son frère et sa sœur. C’est elle qui a rédigé un courrier de six pages où elle résume la version de la famille. Une lettre envoyée à la direction des hôpitaux de Vitry et Saint-Dizier, ainsi qu’à la ministre de la Santé Marisol Touraine. Et aussi à la gendarmerie.
« On a fait une demande de dossier médical à Reims, Vitry et Saint-Dizier, dévoile Carole Capron. On ne dit pas que l’hôpital a tué ma mère : on veut dénoncer la négligence, la lenteur de sa prise en charge. Avec l’arthrose cervicale, on a fait un diagnostic facile. On nous a dit : Elle n’a rien, ce n’est pas grave. Finalement, on ne lui a pas laissé de chance. Sa santé n’avait rien de fragile, elle n’avait jamais mis les pieds à l’hôpital sauf pour accoucher… »

« Le personnel qui a failli doit être sanctionné »

Depuis, les messages de soutien affluent. « J’ai reçu beaucoup d’appels. Les gens nous disent qu’on a raison de réagir. Rien ne me rendra ma mère, mais son cas doit servir d’exemple. Il y a des gens très bien dans le milieu médical, mais je veux que le nom de ma mère résonne dans la tête de ceux qui l’ont mal soignée. Demain, aux urgences, il faut qu’on voie le patient différemment, et qu’on lui apporte de la considération. »
Jean-Pierre enchaîne sur le même ton : « Un être humain n’est pas un objet ! La médecine est quelque chose qu’on sait apprécier, on doit pouvoir faire confiance aux médecins. Le personnel qui a failli doit être sanctionné. »
Carole a créé une page spéciale sur facebook. Son nom est éloquent : Contre l’hôpital de Vitry-le-François. Elle y raconte toute l’histoire et résume les démarches de sa famille, tout en précisant qu’elle ne souhaite pas la fermeture de l’hôpital. « Ma femme avait une telle force de caractère ! conclut Jean-Pierre Capron. Elle ne baissait jamais les bras. Elle mérite qu’on se batte pour elle. »

http://www.lunion.presse.fr/region/l-hopital-dans-le-collimateur-d-une-famille-endeuillee-ia3b24n289969

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