Les jurés s’identifient aux parents
Dans les faits toutefois, ce genre de drames familiaux débouche le plus souvent sur de la prison avec sursis. « Les jurés s’identifient à ces parents en très grande détresse, explique Dominique Schaffhauser, ancien président de la cour d’assises du Pas-de-Calais. L’accusé déclare souvent avoir voulu abréger la souffrance de son enfant, un argument auquel les jurés sont sensibles. » Par ailleurs, le risque de récidive est par définition nul.De leur côté, les associations défendant les droits des personnes handicapées, qui pourraient se porter partie civile, s’y refusent. « Le crime commis est évidemment abominable, soupire le directeur général de l’Unapei, Thierry Nouvel, mais nous ne souhaitons pas stigmatiser davantage encore ces parents. Ils se sont déjà imposés à eux-mêmes la pire des sanctions. »
une responsabilité collective
Le responsable associatif souhaite d’autant moins les pointer du doigt qu’ils sont, eux aussi, victimes à leur façon. « Sachons voir la responsabilité collective derrière la responsabilité individuelle. C’est notre société dans son ensemble qui a abandonné ces parents à eux-mêmes en ne les accompagnant pas assez. »L’Unapei s’était en revanche offusquée de l’acquittement prononcé en 2008 contre une mère de famille ayant noyé sa fille handicapée. La décision avait provoqué un tollé jusque dans les rangs de la magistrature. « Par cette décision, les jurés ont nié l’humanité de la victime, comme si le fait de tuer une personne handicapée ne constituait pas en soi une transgression », s’indigne un magistrat. En appel, l’accusée a finalement écopé d’une peine de prison avec sursis.
Pour prévenir ce type de passage à l’acte, les associations encouragent les parents d’enfants handicapés à se pourvoir en justice pour obtenir une place en hébergement spécialisé. En octobre dernier, le tribunal administratif de Pontoise a ainsi ordonné à l’État de « prendre toutes dispositions » pour qu’une place soit trouvée en faveur d’Amélie Loquet, une jeune fille handicapée. L’un des arguments avancés par la partie plaignante était le « droit à la vie », tant l’épuisement des parents de la jeune femme était préoccupant.
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