samedi 22 mars 2014

Ville-au-Val : une vie fauchée, à 29 ans

Ce vendredi matin, sur la route départementale 10, menant de Belleau à Ville-au-Val, près de Nomeny, la circulation a été rouverte. Sur place, la cellule sécurité du groupe Keolis prend des mesures, des clichés. Dans le ciel, ce week-end, un hélicoptère de la gendarmerie, fera de même. Objectif ? Collecter, le plus petit indice, pour comprendre, les raisons de l’accident survenu la veille.
Il était 17 h, lorsqu’Alain, ce chauffeur de car scolaire, âgé d’une quarantaine d’années, demeurant à Blénod-lès-Pont-à-Mousson, circule en pleine ligne droite, sur cette route étroite, bordée d’arbres et aux accotements boueux. Il vient de desservir les écoles de Sivry et de Bratte, et revient à vide vers le dépôt de Pont-à-Mousson.
En face, Christophe Georges, 29 ans quitte son travail dans une entreprise de la cité de Duroc. Il rentre chez lui, à Dieuze, retrouver sa compagne, une jeune coiffeuse. Il ne la reverra jamais. « J’étais un des premiers arrivé sur place. Je suis descendu dans le ruisseau, la Natagne. Avec le temps de ces derniers jours, l’eau n’y est pas haute. Mais je n’ai rien vu. L’avant du bus était sur la voiture, jusqu’à hauteur de la plage arrière. L’auto était laminée » explique cet élu de Ville-au-Val.
Trente ans qu’il réside dans le village, treize, qu’il siège au conseil, et il n’avait jamais vu cela. Certes les gens roulent parfois vite, sur ces petites routes. « Mais ce n’était pas le cas d’Alain. J’ai croisé des gens de Keolis qui m’ont dit que le tachymètre marque 70 km/h » raconte le témoin. Il a recueilli aussi, le premier témoignage du chauffeur.

« Élargir la route »

Hagard. Ce dernier déambulait, de droite et de gauche, le regard livide. « Il m’a dit qu’il avait été aveuglé par le soleil. J’ai vérifié, il disait vrai ». Une visibilité réduite, une route étroite où l’on ne se croise qu’au ralenti, ne seraient pourtant pas, les seules explications.
« Le matin, lorsqu’il a fait sa tournée des écoles d’Atton et de Bezaumont, Alain s’est plaint aux encadrants qu’on lui avait changé son bus. Qu’il avait du mal à régler le siège. Son volant était trop bas. Il ne trouvait pas ses repères. Cela n’a rien d’anormal, le fait que les bus tournent d’un chauffeur à l’autre. Mais pas, pour Alain qui souffre d’un handicap aux pieds » explique, une personne qui le côtoie régulièrement et l’apprécie.
Son handicap, n’a aucune incidence, sur le professionnalisme du pilote. « Il y a peu, il venait de suivre une formation sans problème particulier. Il avait réussi cet examen et signé sa feuille de route » reprend l’édile de Ville-au-Val qui plaide en faveur de « l’élargissement de la route ».
Un mois auparavant la voiture d’une jeune fille s’est retournée. La conductrice s’en était sortie avec quelques contusions. Quelques années plus tôt, un habitant de Dieulouard s’y était suicidé, contre un arbre.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2014/03/22/une-vie-fauchee-a-29-ans

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