vendredi 27 juin 2014

Il a tiré sur sa femme «par colère et par amour»

À l'issue du deuxième jour du procès de David Coudert devant la cour d'assises de l'Ariège, une seule certitude : cet homme de 47 ans a tiré sur son épouse Maria, la blessant grièvement à la hanche gauche, le 6 mars 2012. En revanche, les circonstances entourant ce coup de feu demeurent floues. Tout comme reste sans réponse la question de la préméditation.
Sur de nombreux points, l'accusé et sa femme, venue témoigner hier après-midi, sont d'accords : ils ont passé la matinée au Pas de la Case ; au retour, Maria a déposé David à son domicile de Montferrier ; ce dernier l'a rejoint plus tard à Lavelanet avant de trouver un prétexte pour qu'elle le ramène à nouveau chez lui. Là, ils ont fait l'amour puis, quelques minutes plus tard, avec son fusil de chasse de calibre 12,65 mm, il lui a envoyé une décharge de plombs alors qu'elle se préparait à partir.
En revanche, les versions divergent sur ce qui s'est passé entre le moment d'intimité et le coup de feu. Pour David Coudert, il y a eu une altercation, il a été poussé dans l'escalier, il y a eu une nouvelle dispute, il a pris son arme et a tiré. «Par colère et par amour», répète-t-il. Maria, elle, dément tout échange de coups. «Il a pris son fusil de je ne sais où et l'a braqué sur moi quand je lui ai dit que je partais seule et sans lui à Angoulême», raconte-t-elle. Le tir, quasi immédiat selon l'accusé, serait, d'après Maria, intervenu après que son mari l'aurait tenue en joue «pendant un long moment», le temps qu'elle essaye de le calmer en lui lançant à plusieurs reprises «T'as pas de c…». «Cela avait fonctionné les deux autres fois qu'il m'avait menacée avec une arme», se justifie Maria qui a été atteinte au moment où elle tournait le dos à son mari pour rejoindre sa voiture.
En tout cas, David Coudert assure : «Je ne voulais pas la tuer. Je tenais le fusil d'une main, au niveau de la taille, je l'ai levé et le coup est parti». Pas tout seul, en tout cas, à entendre un expert balistique venu expliquer à la barre qu'«il faut vraiment appuyer sur la détente pour que le tir ait lieu».
Si le tir n'a donc rien d'accidentel, reste la question de savoir si l'accusé avait prévu de tuer son épouse dont il était toujours amoureux, «bien que je lui ai dit que c'était fini entre nous», insiste Maria. L'interrogation s'impose car David l'avoue : le fusil était chargé depuis la veille. «J'avais reçu des menaces, je voulais donc me protéger», explique-t-il. Toujours cette «mafia d'Angoulême», évoquée à plusieurs reprises lors du premier jour du procès mais dont personne ne peut prouver l'existence, qui devait venir le voir le dimanche soir. «Pourquoi avoir chargé votre arme le lundi si vous craigniez du monde dès le dimanche ?», demande la présidente de la cour, Corinne Chassagne. «J'avais chargé le fusil le dimanche et glissé sous le lit, puis déchargé et rechargé le lundi après-midi», répond l'accusé.
Un argument d'autant moins convaincant que David Coudert s'empêtre dans ses explications. Un coup c'est son fils qui a descendu l'arme, un coup c'est lui. Il n'a ni épaulé, ni visé au moment du coup de feu mais a dit aux gendarmes qu'il avait «visé les reins» : «J'ai vu une tache qui coulait donc j'ai dit ça. Mais je n'étais pas dans mon état normal», se défend-il.
Même chose lorsque l'avocat de la partie civile, Me Fabbri, ou l'avocat général Olivier Caracotch l'interrogent sur son passé : «Êtes-vous chasseur ?» ; «Non» ; «Vous avez dit oui à la juge d'instruction» ; «Non, je braconnais» ; «Avez-vous été condamné ?» ; «Non» ; «Si, en 2010, à un mois avec sursis pour violences conjugales» ; «Mais non, elle avait retiré sa plainte et je n'ai jamais été pris» ; «Condamné, pour vous, cela veut dire quoi ?» ; «C'est quand on va en prison»…«Votre mari est-il toujours aussi incohérent ?», demande la présidente à Maria. «Ce n'était jamais pareil chaque fois qu'il disait quelque chose».
Pour autant, l'expert psychiatrique qui a examiné David Coudert est formel : «Il n'est pas psychotique». Mais le praticien note «une personnalité frustre». «Il est orgueilleux, méprisant, autoritaire et incapable de se remettre en cause», avait indiqué la psychologue dans son rapport lu un peu plus tôt. Deux experts qui ont, toutefois, repris la thèse du «dégoupillage» avancée par l'accusé depuis le début de l'audience et qu'il a résumée à l'attention d'un juré : «Après tout ce que j'ai subi, je n'ai pas réfléchi».
Le procès reprend ce matin. Le verdict est attendu ce soir.

http://www.ladepeche.fr/article/2014/06/27/1907943-tire-femme-colere-amour.html

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