Dans son magasin laonnois, AB Pêche, le gérant Jean-Paul Boutté délivre des cartes de pêche, car sa boutique est dépositaire de la Gaule laonnoise. Un accident comme celui qui a causé la mort de Charly Castryck le laisse sans voix. « À ma connaissance, cela arrive rarement. Les pêcheurs expérimentés savent qu’il ne faut pas s’approcher des lignes à haute tension ou encore pêcher pendant l’orage. » Il se souvient d’un cas survenu il y a quinze ans. « Un arc s’est formé et aurait pu tuer le pêcheur qui se déplaçait sous la ligne. Un ami a réussi à le pousser à temps. Il a été fortement brûlé, mais a été sauvé de justesse. » C’est pourquoi, le gérant tient à signaler qu’il vaut mieux aller pêcher à plusieurs : « C’est un conseil qui a du mal à toucher les pêcheurs, car nombreux sont ceux qui pratiquent cette activité pour être tranquille. »
Lorsque Jean-Paul Boutté délivre un permis de pêche, il remet également un document de la fédération de l’Aisne pour la pêche et la protection du milieu aquatique répertoriant les sociétés de pêche et les précautions à prendre : respecter une distance minimale de 5 mètres entre l’extrémité de la canne à pêche et la ligne à haute tension, quel que soit son voltage, et toujours tenir sa canne à l’horizontale, lorsque l’on passe dessous.
Sur toutes les cannes à pêche, un logo de mise en garde apparaît. « Aujourd’hui, elles sont toutes en carbone ou en fibre de verre, explique Jean-Paul Boutté. Des cannes qui ne sont pas conductrices, cela n’existe pas. Quand j’ai commencé à pêcher, il y a quarante ans, elles étaient en bambou, en aluminium, ou en fibre de verre. Elles mesuraient en moyenne 6, 50 mètres. » Pour obtenir des cannes à pêche plus longues et rigides, le carbone est majoritairement utilisé. « Maintenant, on peut utiliser des cannes de 13 mètres. En Angleterre, certaines vont jusqu’à 16 mètres ! » Or, le risque d’électrocution n’augmente pas avec la taille. « Le phénomène de l’arc électrique peut se produire avec des cannes de seulement six mètres, ajoute Jean-Paul Boutté.
Dans les zones de pêche gérées par les différentes sociétés, « des panneaux de signalisation à l’image de panneaux routiers » sont installés, précise Martin Duntze, le chargé de mission de la fédération de pêche départementale. « Nous avons notamment un partenariat avec le Réseau de Transport Électricité (RTE). Nous disposons de nombreux supports pour communiquer. Des animations sont notamment organisées dans les écoles sur la découverte des milieux aquatiques. »
Une ligne de 20 000 volts sur un terrain privé
Mais, lorsque les lignes à haute tension traversent une propriété privée, les sociétés de pêche n’interviennent pas. C’est le cas pour la propriété de l’ancien moulin d’Assis-sur-Serre, traversée par la Serre et une ligne de 20. 000 volts dont l’exploitant est ERDF. Le propriétaire est alors détenteur du droit de pêche. « Il peut le conserver ou le confier à une société de pêche, explique Martin Duntze. S’il veut pêcher sur sa berge, il doit par contre être adhérent d’une association et payer la CPMA ou cotisation pour la pêche et les milieux aquatiques. » Nombreux sont ceux qui ne payent pas cette cotisation, étant donné que les gardes assermentés n’ont pas l’autorisation d’entrer sur les propriétés privées. « C’est une infraction du code de l’environnement, signale le chargé de mission. Mais ce n’est pas le non-paiement de l’amende qui importe, mais le fait que la fédération remplit un rôle de préservation des cours d’eau et de prévention dans la pratique de la pêche. »http://www.lunion.presse.fr/accueil/les-pecheurs-emus-apres-le-deces-d-un-jeune-homme-a-ia0b0n395863
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