vendredi 23 janvier 2015

Thierry Launay, un homme qui «aimait la vie»

Le temps s'est arrêté la semaine dernière pour la famille de Thierry Launay, victime d'un horrible crime à Urgosse. Son épouse, Patricia, a reçu «La Dépêche» pour évoquer plus de vingt ans passés aux côtés du père de ses enfants. Bouleversant.
Impressionnante de dignité. Voilà ce qui frappe lorsqu'on rencontre Patricia Launay. Après la mort tragique de son époux, Thierry, la semaine dernière à Urgosse (voir nos précédentes éditions), cette courageuse maman a souhaité rendre un hommage à celui qui avait partagé sa vie pendant plus de vingt ans. Vibrant.
Certes, ils étaient séparés. Mais c'est lui qui en avait pris la décision et elle l'a toujours respectée. Pour les enfants. «Il les adorait plus que tout au monde. Et chez nous, il n'y avait pas de demis : il avait déjà deux enfants, j'en avais un qu'il a reconnu mais j'en voulais cinq depuis que j'étais petite. Et on a fait les autres ! Mais ils sont tous frères et sœurs et on était très famille. Même si on n'habitait plus ensemble, on s'aidait régulièrement. Pourtant, je ne vais pas vous mentir, il n'était pas parfait non plus…» Mais qui peut se targuer de l'être en même temps ? Car le tableau qu'elle a dépeint hier de Thierry n'est peut-être pas celui du prince charmant pour tout le monde mais il l'a été pour elle pendant longtemps.

«Tout à fait Thierry !»

Retour en 1991. Tous les deux sont Normands et se connaissent à Rouen alors qu'ils étaient commerciaux dans une entreprise de sécurité. «En quelques mois, il est passé chef d'équipe puis directeur : c'était quelqu'un qui avait une certaine culture de la réussite et qui travaillait beaucoup. Ce qui n'a pas toujours été évident pour la vie de famille car il était souvent en déplacement…» Mais le natif du Havre voulait «du soleil». «On s'est d'abord installé à Bordeaux puis dans la campagne agenaise avant d'arriver dans le Gers. Mais il a eu quelques soucis de santé dont l'AVC qui l'a grandement diminué même s'il était dans le déni. Il avait été tellement actif tout ce temps que ç'a été très dur pour lui de se retrouver sans emploi. Mais il prenait des petits boulots qui avaient le mérite de lui remettre le pied à l'étrier.»
Thierry aimait ses huit enfants, on l'a dit, et le football. Des «super-moments», il y en a eu beaucoup. Mais elle qui n'est pas spécialement une fan de ballon rond a les yeux qui pétillent lorsqu'elle raconte les soirées foot et la réplique devenue culte à la maison : «Tout à fait Thierry !». «Avec ses fils, il refaisait les commentaires de sorte que l'on n'entendait même plus les vrais ! C'était un passionné de l'OM… Notre dernier pratique le foot en club et il était évident pour Thierry qu'il finirait à Marseille. Il a toutes les qualités requises, disait-il.»
Sourire. Franc et nostalgique.
«Imaginez sa tête lorsque notre gendre a annoncé qu'il supportait le PSG ! Mais ce n'est pas pour autant qu'il s'énervait : c'était quelqu'un qui ne haussait pas la voix.»
D'où cette affection particulière pour les dogues allemands, «une race de chien très calme». «On a même eu un élevage à une époque. Il en était fier. Comme pour tout d'ailleurs, c'était quelqu'un de fier. Et il a eu le malheur de rencontrer les mauvaises personnes, quel gâchis…» Larmes, vite essuyées d'un revers de manche.
Fier, Thierry l'était aussi énormément de son premier petit-fils, né en août. «Il en a pleuré tellement il était heureux. Il était béat devant lui… Et vous pensez bien, il allait finir à l'OM !» Digne dans la douleur, Patricia murmure : «Je n'ai pas le droit de flancher. Pour les enfants.»

http://www.ladepeche.fr/article/2015/01/23/2034394-thierry-launay-un-homme-qui-aimait-la-vie.html

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