jeudi 12 février 2015

Grévillers : un retraité percute les gendarmes, il se suicide peu après sa garde à vue

Samedi 7 février, un retraité âgé de 71 ans a été interpellé à l’issue d’une course-poursuite à Grévillers, près de Bapaume. Déféré au parquet à l’issue de sa garde à vue parce qu’il avait roulé sur le pied d’un gendarme et percuté un autre, cet ancien combattant a mis fin à ses jours quelques heures après. Les différents acteurs de ce dossier dramatique sont abasourdis.
Me Blanchart, son avocat, n’en revient toujours pas. Le vice-procureur, qui l’a vu en défèrement, et le juge des libertés et de la détention sont aussi abasourdis. Dimanche, quelques heures après être sorti de garde à vue, un retraité âgé de 71 ans a mis fin à ses jours chez lui.
La veille, Jacques Bodelot, 71 ans, ancien combattant ayant servi en Algérie, avait été interpellé par les gendarmes de Bapaume à l’issue d’une course-poursuite menée à travers champs à Grévillers. Au cours de cette fuite, il avait roulé sur le pied d’un gendarme et heurté un autre avec son rétroviseur, percutant au passage le véhicule de gendarmerie.
À l’issue de sa garde à vue, le vice-procureur l’avait fait déférer au parquet. « Cela avait été un peu dur de le faire parler, il n’avait pas l’impression de réaliser la gravité des faits, se souvient Adam Chodkiewicz. Il a fini par reconnaître à demi-mots qu’il avait bu. Mais comme il n’avait pas de casier judiciaire, il a été placé sous contrôle judiciaire. On ne pouvait faire ni plus ni moins d’un point de vue judiciaire. »
Le retraité devait être convoqué au tribunal pour violences avec usage d’une arme (sa voiture) sans ITT et refus de se soumettre à un contrôle. Sauf que, quelques heures plus tard, celui que le vice-procureur percevait plus comme un « patriarche » un peu haut en couleurs a mis fin à ses jours, plongeant ses proches, mais aussi l’autorité judiciaire, dans la stupeur et l’incompréhension. Difficile de ne pas voir un lien de cause à effet entre l’affaire et l’issue funeste, bien que ni les gendarmes, ni la justice ne soient en cause.
« J’ai accueilli la nouvelle avec surprise, soupire Me Blanchart, son avocat, choqué. Il n’avait pas du tout le profil de quelqu’un de fragile. Il était ému de la situation, il ne comprenait pas trop l’enchaînement du passage de la garde à vue au procureur. Il était un peu perdu ».
L’avocat est d’autant plus étonné que son client ne risquait selon lui « aucun jour de détention. Il n’avait pas de casier judiciaire. Les gendarmes et le juge des libertés ont été très courtois avec lui. Il ne pleurait pas, n’était pas effondré. Son suicide démontre sans doute une fragilité que l’on ne pouvait percevoir. »
« C’est un peu délicat quelqu’un qui se suicide trois heures après sa garde à vue, admet M. Chodkiewicz. On le voyait plus comme un patriarche. Est-ce que son amour propre a été touché ? »

Jacques Bodelot, ancien combattant

C’est avec stupeur que les anciens combattants de Bapaume et environs ont également appris la disparition de leur camarade. Né le 7 janvier 1944 à Ligny-Thilloy, Jacques Bodelot est appelé au service militaire le 3 mai 1963 et affecté au groupe de transport 516. En juin il embarque à Marseille, direction Oran en Algérie et rejoint Alger en août. Soldat de 1ère classe, Jacques Bodelot a reçu la médaille de reconnaissance de la nation pour sa présence en AFN. Ses obsèques ont lieu ce jeudi à 15 h, à l’église de Grévillers

http://www.lavoixdunord.fr/region/grevillers-un-retraite-percute-les-gendarmes-il-se-ia29b6417n2655239

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