Vézenobres : double accident mortel, la détention discutée

Le mis en cause est le gérant d'un hôtel de Saint-Hilaire de Brethmas qui avait refusé de s'arrêter à un contrôle de gendarmerie.

Le dimanche 25 janvier dernier, vers 6 heures du matin, un accident sur la RD 936 au niveau de Vézénobres faisait deux victimes. Au volant de sa Renault Clio, le conducteur, gérant d'un hôtel de Saint-Hilaire-de-Brethmas, refuse de s'arrêter à un contrôle de gendarmerie, perd le contrôle de la voiture et s'encastre quelques centaines de mètres plus loin contre un platane.

À l'arrière du véhicule, les deux personnes présentes, une femme de 24 ans, et un homme de 35 ans, de la même famille polonaise, sont tués sur le coup. Le troisième passager sort indemne de l'épave tandis que le conducteur est légèrement touché.

2,5 grammes d'alcool dans le sang

L'enquête de gendarmerie établit que les quatre occupants du véhicule sortaient de la boîte de nuit Le Cyclope situé non loin des lieux du drame. Les analyses toxicologiques attestent que le conducteur avait 2,5 grammes d'alcool dans le sang.
Une information judiciaire est ouverte par le parquet d'Alès. Mis en examen, le gérant de société, âgé de 29 ans, passe mi-février devant le juge des libertés et de la détention d'Alès pour un éventuel placement en détention provisoire. Le procureur de la République d'Alès, Nicolas Hennebelle, estime dans ses réquisitions que la mesure de privation de liberté se justifie. Contre toute attente, le conducteur échappe à la maison d'arrêt. Le parquet fait appel de cette décision.

"Deux familles sont détruites"

Ainsi, ce mercredi, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Nîmes a examiné à nouveau ces faits. Me Rémy Nougier, avocat des familles polonaises, s'étonne "de la décision du juge d'Alès. Quel message la justice veut-elle faire passer ? Quand on prend le risque de conduire avec un tel taux d'alcool, quand on prend le risque de défier les gendarmes en refusant de s'arrêter à un contrôle routier, quand on prend le risque de tuer… après, on assume. Deux familles sont détruites."
Me Olivier Massal, l'avocat du mis en cause, note que "le mécanisme de l'accident, au-delà de l'alcool, n'est pas clair. Ainsi, la vitesse du véhicule n'est pas établie. Personne ne peut dire à quelle vitesse s'est produit l'accident. Aucune vérification sur l'état de la route n'a été effectuée. On ne comprend pas comment le véhicule se retrouve dans cette position.

Une réputation de noceur

Il apparaît que les deux victimes n'avaient pas attaché leur ceinture de sécurité. Il s'agit d'un élément primordial, car l'absence du port de la ceinture a-t-elle eu un impact ou non sur la cause des décès ? On ne conteste pas l'alcoolémie, on n'a même pas réclamé de contre-expertise. "Pour ce jeune chef d'entreprise, à la réputation de noceur, la question des addictions pourrait se poser. Il avait été sanctionné en 2008 pour consommation de stupéfiants et en 2009 pour une conduite en état d'ivresse - "des erreurs de jeunesse, des actes isolés", plaide Me Olivier Massal. Le profil Facebook du mis en cause fait pourtant état de nombreuses photos où l'alcool est présent. Décision rendue ce vendredi 27 février.

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