dimanche 17 janvier 2016

Haut-Doubs : le cauchemar routier du raccourci de Fuans

L'accident mortel de mardi ne fait que le confirmer : le raccourci de Fuans est une route excessivement accidentogène. Et le maire craint le pire pour 2016.
Pour Pierre Gaume, qui habite au pied du fameux lacet et son abrupt virage de la Vierge, « la dépanneuse passe au moins toutes les deux semaines ». Le maire, lui, compte « presque un accident par semaine ». Seule certitude : le raccourci de Fuans (D242) est l’une des routes les plus accidentogènes du Doubs.
Cet itinéraire « bis » permet de gagner une poignée de minutes par rapport à la D461 (dit « la montée » de Fuans) reliant Orchamps-Vennes à Morteau. De la tôle, du sang, parfois des larmes : ces quelques kilomètres de bitume sont maudits. Mardi dernier, un habitant de Villers-le-Lac s’est tué dans un choc frontal. Deux jours plus tard, une voiture se retrouvait sur le toit, cette fois sans dommage corporel pour son conducteur.

« Il n’y a pas assez d’indications »

« Ce n’est pas nouveau, ça fait des années que c’est comme ça », note Pierre Gaume, premier témoin, depuis sa fenêtre, du ballet régulier des pompiers et gendarmes. Un jour, une voiture avait même terminé sa folle course dans son garage.
Vitesse excessive, glissade, dépassements douteux, étroitesse de la voie : les causes sont connues. Les solutions, elles, se font désirer, alors certains noctambules avinés à défaut d’être avisés – souvent clients de la discothèque locale le Diamant Bleu – ne manquent pas d’alourdir le bilan.
« Il n’y a pas assez d’indications pour dire que c’est dangereux ! Il faudrait des panneaux, des clignotants, ça se fait dans les Alpes. Il n’y a pas de glissière de sécurité. Ils pourraient aussi faire un rond-point aux Commènes (Ndlr : au milieu du raccourci) », estime Yves Boffy, ancien voisin de Pierre et fin connaisseur du secteur. L’augmentation du nombre de travailleurs frontaliers, qui utilisent très largement le raccourci, ne fait qu’accroître les risques. « Dès qu’il y a un coup de glace, hop, ils vont tout droit… », soupire Pierre.
Avant le virage, sur la partie haute du raccourci, l’État a fait installer en 2014 un radar tronçon (lire ci-dessous). Bien mais insuffisant, selon Pierre Guillet, le maire de Fuans : « Les voitures roulent plus gentiment dans la ligne droite où il y a le radar, mais à la fin, ça rappuie sur le champignon. On ne peut pas mettre un gendarme 24 heures sur 24. L’idéal, ce serait de prolonger ce radar jusqu’en bas, jusqu’au village de Fuans. »
La limitation à 90 km/h dans la partie boisée, où se situe d’ailleurs le virage serré de la Vierge, pose aussi question. À écouter le maire, le revêtement est une autre piste à explorer : « I l est vieux et usé, et ça peut vite devenir glissant ! »
La situation risque de s’empirer en 2016, puisque des travaux de déboisement (à partir de la semaine prochaine) puis de restructuration massive de la voirie ensuite, obligeront les services du Département à temporairement fermer la montée de Fuans (D461)... Ce qui redigera une bonne partie du trafic dans le funeste raccourci. On croise les doigts. Pas certain que cela suffise. 

Le radar tronçon a « attrapé » 168 voitures en 2015

Depuis sa mise en service sur cette D242 (7 juillet 2014), le radar tronçon de Fuans ne chôme pas. Le dispositif, qui couvre 1,5 kilomètre, avait « flashé » 116 véhicules lors de ses six premiers mois d’existence. Sur cette portion, principalement en ligne droite, la vitesse est limitée à 90 km/h.
Le rythme d’infractions s’est ensuite tassé : en 2015, le tableau de chasse du radar affiche ainsi 168 excès. Seuls quatre d’entre eux concernent une moyenne de vitesse comprise entre 110 km/h et 120 km/h… Et un seul « pilote » remporte la palme de l’inconscience, avec une vitesse supérieure à 120 km/h.

http://www.estrepublicain.fr/edition-haut-doubs/2016/01/17/haut-doubs-le-cauchemar-routier-du-raccourci-de-fuans

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