Entre 2008 et 2009, 35 salariés de France Telecom se sont suicidées. L'enquête des juges, ouverte au printemps 2010, touche à sa fin selon des sources proches du dossier. Trois cadres de France Telecom (devenu Orange) ont été mis en examen pour complicité de harcèlement moral cette semaine. Une quatrième personne devait également être mise en examen du même chef d'accusation vendredi soir, a ajouté une source proche du dossier.
Selon les informations du Monde, il s'agirait de Nathalie Boulanger, ex-directrice des actions territoriales, Jacques Moulin, ancien directeur territorial de l'est de la France et Huy-Paitrck Chérouvrier, ancien directeur des ressources humaines France. La quatrième personne a être inquiétée ce vendredi serait Brigitte Dumont, ex-responsable du programme ACT. Le quotidien confirme également que ces auditions marqueraient la fin de l'instruction sur ce dossier.
Cette enquête a valu à l'ancien patron de France Telecom, Didier Lombard, d'être mis en examen pour harcèlement moral depuis juillet 2012. Il avait quitté la direction opérationnelle du groupe en mars 2010. Le groupe lui-même est poursuivi depuis cette date, une mesure inédite pour une entreprise du CAC 40. Une première qui ouvrait la voie, aux yeux de juristes, à la reconnaissance d'un "harcèlement moral institutionnel". L'ancien N.2 de Didier Lombard, Louis-Pierre Wenes, et l'ex-directeur des ressources humaines, Olivier Barberot, sont aussi mis en examen.
Ne pas tenter de "minimiser leurs responsabilités"
"Il ne faudrait pas que les décideurs se retrouvent exonérés de leurs responsabilités par la mise en cause de serviteurs zélés", a mis en garde vendredi l'avocat des syndicats CFE-CGC et Unsa, Me Frédéric Benoist. Il a dit ses craintes que "ces dernières mises en examen ne donnent de l'espoir aux trois dirigeants" poursuivis qui pourraient être tentés de "minimiser leurs responsabilités".
Selon les syndicats et la direction, 35 suicides de salariés de l'entreprise se sont produits en 2008 et 2009. Ils sont intervenus dans un contexte de réorganisation de l'entreprise et de réduction d'un personnel composé en grande partie de fonctionnaires, après l'ouverture du marché à la concurrence. L'entreprise, engagée dans des restructurations, a notamment supprimé 22.000 postes entre 2006 et 2008 et procédé à 10.000 changements de métier durant cette même période.
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